Je finis par m’asseoir sur mon lit, tout en continuant à réfléchir. J’avais l’impression que Didier et Judith, eux aussi, aimaient se déshabiller, mais c’était à vérifier. Je le découvrirais peut-être avant la fin de la journée.
Je pensai bien sûr à prendre la poudre d’escampette, mais j’ignore pourquoi, j’avais la certitude que Didier et Judith étaient inoffensifs. Et j’étais curieuse de voir le comportement des propriétaires et des locataires. De toute évidence, l’atmosphère de cette pension de famille était très particulière.
Après tout, le naturisme n’a rien d’extraordinaire.
Oui, mais reluquer des jeunes filles nues, c’était autre chose. Didier ne m’avait pas caché qu’il aimait cela.
Des bruits de voix féminines me tirèrent de mes réflexions. Je ne compris pas ce qui se disait, mais j’entendis distinctement un éclat de rire, preuve de l’excellente ambiance régnant entre ces murs.
Mais moi, qu’est-ce que je fais ?
Je commençai par ouvrir ma valise et en tirer mes affaires. Essentiellement des vêtements… J’en avais prévu de très légers, mais aussi quelques-uns un peu plus chauds pour d’éventuelles promenades nocturnes ou des journées de mauvais temps. Je les rangeai dans l’armoire, qui était vide.
Des voix continuaient à filtrer par la porte de ma chambre, mais le plus souvent, c’était calme.
Je rassemblai des affaires de toilette, mais au moment où je voulus prendre mon drap de bain, une question fusa dans mon esprit : mon charmant couple d’hôtes en avait-il déjà prévu un pour moi ? Je me décidai alors à quitter ma chambre, toujours avec ma robe à fleurs.
Le couloir était vide. Je me dirigeai vers la salle de séjour, également déserte, puis cherchai la cuisine, qui ne devait pas se trouver à l’autre bout de la maison. Quand je la trouvai, je m’arrêtai pile avec un cri étouffé dans la gorge.
Mes deux hôtes se tenaient à côté d’une grande table où mon futur dîner était disposé : une salade niçoise. Didier était entièrement nu et bandait comme un étalon. Il avait un phallus magnifique, long, épais et droit, sillonnée de veines violettes et terminé par un gland cramoisi que Judith s’employait à lécher et à sucer, accroupie devant lui. Contrairement à lui, son épouse ne s’était pas déshabillée : elle portait les mêmes vêtements que lors de notre voyage.
J’aurais pu et j’aurais dû me sauver, mais je restai pétrifiée devant la porte. Le spectacle était beau et extrêmement excitant. Je ne pouvais détacher mes yeux de cet homme au corps splendide et au pénis tendu à l’extrême, dont tous les détails m’apparaissaient, car je n’étais guère qu’à trois mètres de lui. Je contemplai les courbes de ses fesses, son torse musclé et les sacs de peau fripée qui enveloppaient ses volumineux testicules. Comme il était de profil, tout m’apparaissait avec la plus grande crudité. Il lui aurait suffi de tourner la tête à gauche pour s’apercevoir de ma présence, mais il était absorbé (dans tous les sens du mot !) par la fellation que Judith lui faisait. Elle ne se contentait plus de simples léchages mais faisait glisser ses lèvres le long de la tige, enfonçant le membre à une assez bonne profondeur dans son conduit buccal tout en caressant les bourses de son conjoint. J’étais étonnée de voir à quel point ses organes sexuels étaient développés, et c’était l’une des raisons de ma présence.
J’ai l’impression que ça ne les dérange pas d’être vus.
Mais leur attention ne se porta pas une seule fois vers la voyeuse que j’étais devenue. Judith mit fin à la fellation sans avoir provoqué l’orgasme de son époux.
« Envoie ton sperme dans mon cul », lui dit-elle.
Celui-ci aida Judith à se tourner vers l’évier, où elle posa les mains, et il retira sa petite jupe. Je constatai alors qu’elle était dépourvue de culotte, ainsi que je l’avais supposé. Une paire de fesses bien bronzée apparut, et entre elles, il n’y avait pas un seul fil. Mais ce fut surtout celles de Didier que je vis. Il taquina un peu la croupe de son épouse avant d’insérer son sexe dans l’orifice qu’elle mettait à sa disposition – le vagin et non l’anus. Elle commença immédiatement à haleter quand il la pénétra, puis son souffle se transforma en petits cris.
Ça ne les dérange pas non plus d’être entendus.
Je n’arrivais toujours pas à m’arracher à ce spectacle. À présent, je regardais les affriolantes fesses de Didier se contracter à chacun de ses mouvements, et sous son entrecuisse, j’entrevoyais l’agitation de ses bourses.
Ma raison était annihilée. J’avais retroussé ma robe et plongé la main dans ma culotte, abondamment trempée. En fait, j’étais en train de regarder de la pornographie, mais avec des personnages en chair et en os, qu’il était possible de toucher. Et caresser ce fessier masculin, j’en avais très envie !
Le seul copain que j’avais eu, l’année précédente, m’avait initiée aux films pornos, et j’avoue les avoir appréciés. Il nous arrivait de faire l’amour en les regardant, et il aimait conclure par une éjaculation sur mon visage. Je m’étais habituée à cela, comme à la sodomie, et j’y avais même trouvé du plaisir. Aucune pratique de ces films ne m’était étrangère, à part les parties à trois et les scènes entre femmes. Ainsi, bien que ma vie sexuelle n’eût duré que quelques mois, je n’avais plus rien d’une vierge et ces plaisirs me manquaient.
Ce n’était plus possible de tenir. Ma cyprine gouttait de mon infortunée culotte, et à force de me caresser, je risquais de jouir. Je tournai sur moi-même pour m’adosser au mur, ce qui ne m’empêcha pas de continuer à entendre les gémissements poussés par Judith et Didier. Après tout, ils étaient mariés et j’étais censée me trouver dans ma chambre ou sous la douche. Je n’aurais pas entendu ce remue-ménage. Mais il y avait d’autres locataires que moi.
Je retournai dans ma chambre en courant, sans faire aucun bruit puisque j’étais pieds nus sur un carrelage solide. Je fermai la porte doucement et arrachai ma culotte avant de me jeter sur mon lit, deux doigts enfoncés dans mon vagin. Je me masturbai les dents serrées pour ne pas me mettre à pousser des cris, la robe retroussée jusqu’au-dessus du nombril. L’orgasme vint très vite, en me faisant me tortiller comme un ver sur mon lit.
Quand ma jouissance retomba, je restai vidée de tout. Plus rien ne m’importait. Si quelqu’un avait ouvert la porte et m’avait vue le sexe ouvert, dégorgeant de secrétions, et la main trempée, j’aurais trouvé cela normal.
Ce n’est pas possible ! Ressaisis-toi !
Je m’assis, les pieds posés par terre et les genoux refermés.
Mais qu’est-ce que c’est que cette maison ? Qu’est-ce que les propriétaires veulent au juste ?
En tout cas, c’est sacrément chaud !
Mes réflexions n’eurent pas le temps d’aller très loin, puisque quelqu’un frappa à ma porte.
« Le repas est prêt, entendis-je.
— C’est Judith ?
— Oui, c’est moi. On attend que tout le monde soit là pour commencer le repas. Il commence à se faire tard.
— J’arrive tout de suite. Je vais juste faire un petit tour dans la salle de bains, très rapidement.
— Nous t’attendons.
— Au fait, c’est où ?
— Dans le couloir au fond à droite.
— Il y a un drap de bain pour moi ?
— Oui, c’est prévu.
— Alors je me dépêche. »
Judith se retira sans avoir ouvert la porte. Elle aurait pu le faire, mais elle avait respecté mon intimité.
O.K., tout est normal dans cette maison, sauf que des jeunes filles – que je n’ai pas encore vues – se baladent nues et que les époux s’envoient en l’air dans une pièce grande ouverte.
C’était très spécial mais pas désagréable, pour les personnes que la pudeur n’étouffait pas.
Je pris ma trousse de toilette, quittai ma chambre, tournai à droite et trouvai la salle de bains. C’était un lieu sans fenêtres, où le carrelage blanc qui recouvrait le sol de la maison était également présent. Les murs étaient décorés de carreaux bleus conférant une ambiance marine à cette pièce. Comme tout le reste de cette demeure, elle était spacieuse et luxueuse. Il y avait à la fois une baignoire et une grande cabine de douche… ainsi qu’une cuvette de W.C..
Pas très pratique, ça, surtout quand on est plusieurs.
Et en plus, on ne peut pas verrouiller la porte.
Après avoir jeté un regard torve à cette cuvette, j’effectuai un démaquillage devant un miroir, relevai mes cheveux, me débarrassai de ma robe et de mon soutien-gorge et entrai dans la cabine de douche en me promettant d’être très rapide. Il me fallut quand même faire un réglage pour obtenir une eau pas trop froide. Je la laissai ensuite couler sur ma peau et j’y mis du savon liquide. Ma séance d’onanisme étant récente, ma sensibilité était encore exacerbée. Aussi, les frottements de mes mains eurent-ils un aspect érotique. Je me demandai si je devais m’épiler le « maillot », qui était occupé par une belle touffe de poils châtains. Tout le reste de mon corps était lisse.
Tout à coup, la porte de la pièce s’ouvrit et une jeune femme nue entra. Je remarquai immédiatement ses seins plantureux et sa flamboyante chevelure brune aux reflets cuivrés. J’arrêtai de me caresser pour fixer sur elle des yeux écarquillés.
« Bonsoir, me dit-elle en souriant. Tu es Karine ?
— Oui.
— Moi, c’est Chloé. Je suis très contente que tu sois là. Maintenant, nous sommes trois. »
Elle s’assit sur la fameuse cuvette, sous mes yeux toujours stupéfaits.
Elle ne va quand même pas faire ses besoins !
Comme la scène fut de courte durée et qu’elle n’essuya pas son postérieur, j’en déduisis que ce ne fut qu’un petit pipi. Elle se releva pour se laver les mains, le visage et l’entrejambe, caché par une toison semblable à la mienne.
Apparemment, les pensionnaires de cette maison n’étaient pas choisies au hasard : elles étaient toutes de belles jeunes filles. De quoi permettre à Didier de se rincer les yeux. Chloé n’avait pas exactement la taille mannequin, mais elle y gagnait des formes qui étaient de véritables appels aux caresses et à l’amour.
Je n’avais pas à être jalouse d’elle. J’étais juste un peu plus mince et mes seins étaient plus petits et décorés de deux jolis bourgeons. Une gâterie pour le seul garçon de ma vie…
Chloé se tourna vers moi quand elle eut fini.
« Tu viens ? dit-elle. Nous t’attendons.
— Euh… Attends. »
J’enlevai les derniers restes de savon et coupai l’eau. J’hésitai un peu à sortir de la cabine, car c’était la première fois que je me montrais intégralement nue devant une autre femme.
« Tu es magnifique, m’assura-t-elle. Tu n’as pas besoin de t’habiller. Allons-y comme ça.
— Vous êtes tous des naturistes ?
— Oui.
— On ne me l’avait pas dit.
— Tu vas découvrir des choses surprenantes mais que tu adoreras. Je te le promets.
— Ah oui ?
— Tu as des craintes ? Regarde-moi ! Est-ce que j’ai l’air malheureuse ?
— Non… Et alors, qu’est-ce que je vais voir ?
— Je te laisse la surprise. Viens. »
Chloé me tendit la main avec un sourire rassurant et je la pris. Nous quittâmes ainsi la salle de bains.
« Je n’en ai pas déjà vu assez ? questionnai-je.
— Non. Je te garantis que tu n’as encore rien vu. Tes vacances seront en or.
— Si, quand même. J’ai vu Didier qui… qui…
— Avec Judith ? C’est normal.
— Oui, mais enfin… »
Notre courte conversation se termina quand nous arrivâmes sur la terrasse. Le soleil s’est couché et des étoiles apparaissaient sur la voûte céleste. Deux lampes éclairaient une grande table en bois autour de laquelle trois personnes étaient assises, toutes nues. Il y avait Didier, Judith et la troisième locataire, assez semblable à moi mais avec des cheveux plus clairs, presque blonds.
« Assieds-toi ! fit Judith avec un grand geste de la main. Je te présente Sylviane. Sylviane, c’est Karine. Allez, faites-vous la bise. »
Je me penchai sur la jeune fille pour déposer des bises sur ses joues, puis je m’assis à côté d’elle. Je me retrouvai entre elle et Chloé.
Didier nous regardait avec un sourire béat. Plus exactement, il dévorait des yeux nos visages et nos poitrines. Celle de sa femme n’avait rien à envier aux nôtres, mais il ne pouvait pas s’en contenter.
« Alors c’est ça, la pension de famille ? conclus-je.
— Oui, c’est ça, confirma Judith. Ça te plaît ?
— Eh bien… Il y a intérêt à ne pas être pudique.
— Tu n’as pas l’air d’être gênée. En tout cas, tu ne t’es pas sauvée.
— Non.
— Tu verras que tu te sentiras très bien avec nous.
— Si vous le dites… J’aurais tout de même aimé être prévenue.
— Je trouve que les vacances avec des imprévus ont du charme. Je parle d’heureuses surprises, bien sûr.
— Tout le monde ne prendrait pas ce que j’ai vu pour une heureuse surprise.
— Tout le monde, non, mais toi, oui. Dis-moi si je me trompe.
— Non, tu ne t’es pas trompée. Je reste ici.
— Excellent ! Tu veux que je te serve ?
— Oui, merci. »
Elle se leva pour prendre de la salade et la déposer dans mon assiette. Ce faisant, elle me montra son aine, qui n’était pas rasée. Ces gens étaient vraiment naturels.
Chloé versa une boisson de mon choix dans mon verre et nous entamâmes notre repas. J’avais faim, c’est pourquoi je mangeai en silence, mais j’observai tout ce qui se déroulait autour de moi. À part la nudité des convives, la situation semblait normale, mais je savais qu’elle ne l’était pas. Les propos tenus par Didier puis par Chloé étaient assez clairs.
Du premier, je n’avais pas vu ce qui se trouvait sous son nombril, mais je supposais qu’il était toujours entièrement nu et que la contemplation des quatre femmes qui l’entouraient le faisait bander.
Au lieu d’en être effarouchée, j’en étais excitée. La réaction de mon corps était la même que lorsque j’avais regardé les deux époux faire l’amour, en moins violent tout de même. J’attendais de voir ce qui allait se passer, puisqu’il était évident que Didier ne se contenterait pas de dévorer ses compagnes des yeux.
Il faisait venir de belles jeunes filles pour se constituer un harem, avec l’accord de son épouse.
Quand ma faim se fut calmée, je commençai à poser des questions :
« Chloé, tu es là depuis combien de temps ? Tu es bien bronzée, alors je pense que…
— Je suis là depuis un mois.
— Tout le mois de juillet ?
— Oui.
— Et tu vas rester jusqu’à quand ?
— Au moins jusqu’à fin août.
— Deux mois quasiment offerts ? »
J’ajoutai en me tournant vers Didier :
« Vous êtes généreux. »
Mon ton était bien sûr ironique, mais il ne répondit pas.
« Mais alors, tu es en vacances depuis début juillet ? remarquai-je.
— Ma présence n’est pas obligatoire.
— Pourtant, c’est pour ton plaisir que tu fais venir de belles étudiantes, n’est-ce pas ? »
J’eus un sourire en guise de réponse.
Il évite les sujets qui gênent.
« Vous êtes des libertins ? demandai-je à Judith.
— On peut dire cela.
— Pour quelles raisons au juste m’avez-vous fait venir ici ? Pour que Didier puisse me regarder à poil, mais pour quoi encore ?
— La réponse se trouve dans ta première question. Tu dois savoir que nous ne t’obligeons à rien. Si tu as assez mangé, tu peux nous quitter et te retirer dans ta chambre. Demain, tu pourras aller au bord de la mer et te baigner, puis passer toutes tes vacances comme cela. Mais si tu veux faire l’amour avec mon mari, c’est possible. »
J’en eus un rougissement, bien que j’eusse attendu cette proposition.
« Comment peux-tu accepter cela ? m’étonnai-je. Il y a une contrepartie ? Tu peux rencontrer des hommes ?
— Oui, je le peux. »
Je restai muette un petit instant.
« Tu n’es pas vierge ? s’assura Judith.
— Non.
— Tu aimes le sexe ? »
Il me fallut un moment pour répondre par un simple « oui ».
« Alors tout va bien », fit Judith avec un large sourire.
Je regardai mes deux voisines et leur demandai :
« Vous avez toutes les deux fait l’amour avec lui ?
— Oui, me répondirent-elles simultanément.
— Sylviane, tu es également là depuis un mois ?
— Deux semaines.
— Et tu as commencé dès le premier soir ?
— Oui. Comme avec toi. »
Avec moi ? Attends, je n’ai pas encore commencé !
Mais des papillons s’agitaient dans mon bas-ventre.
La conversation se poursuivit comme si nous parlions de choses ordinaires, alors que tout tournait autour du sexe.
« Tu as connu combien de garçons ? s’enquit Judith.
— Un seul.
— Un seul ? Alors que tu es si belle ?
— Euh…
— J’en ai connu cinq avant de venir ici, déclara Sylviane.
— Et moi, je ne les ai pas comptés, renchérit Chloé.
— Il y a un truc qui m’échappe, dis-je. Pourquoi seules de jolies jeunes filles arrivent ici ? Vous faites une sélection après avoir demandé les photos ? »
J’avais posé la question en me tournant vers Didier, qui sortit de son mutisme :
« C’est plus compliqué que cela, mais bien évidemment, il y a une sélection.
— Comment ?
— Plus tard, tu comprendras tout.
— Ce n’est pas possible de tout m’expliquer maintenant ?
— Il est tard et tu es fatiguée, intervint Judith. Nous te dirons tout demain. D’accord ?
— D’accord. »
Elle a l’air si gentille…
« Tu as assez mangé ? demanda-t-elle.
— Oui.
— Alors nous pouvons nous souhaiter une bonne nuit… Mais tu peux aussi rester encore un peu pour voir ce que nous faisons entre nous. »
Mon hésitation fut de courte durée.
« Je reste », décidai-je.