« Nous allons par là ? demandai-je en montrant la direction opposée à la salle à manger, celle où j’avais rencontré le comte.
— Il n’y a pas grand chose à voir. Cette aile du château est inoccupée.
— Pourquoi ?
— L’édifice est trop grand pour nous.
— Votre père n’a-t-il pas des frères ou des sœurs à héberger ?
— Il a un cadet qui n’habite pas ici. Il viendra quand Violla et moi, nous partirons. Notre lignée est mal en point, puisque le comte de Tchebolok n’a que des filles. »
J’insistai néanmoins pour satisfaire ma curiosité. Je n’avais vu pour le moment que le corps de logis du château, comportant le hall d’entrée et la salle à manger, située juste à côté. Il y avait également une vingtaine de chambres, alignées de part et d’autre du couloir et qui donnaient à cet édifice l’apparence d’un hôtel. La plus grande m’avait été attribuée. Elle était également la seule disposant d’une salle de bains. Les autres ne comprenaient guère qu’un lit dépourvu de matelas et une chaise, offrant à ses occupants un confort des plus sommaires.
« Qui vient dormir ici ? m’enquis-je.
— Des gens du coin. Vous les verrez.
— En attendant, je peux aller là-bas ? »
Louriana céda et m’accompagna au bout du couloir, où nous tournâmes à droite. C’était l’aile nord du château, où les senteurs de la forêt étaient plus vives que dans le corps de logis. Il sembla que la poussière traînant sur le plancher était de la terre ramenée du dehors, et j’y décelais de minuscules débris végétaux. Des herbes auraient parfaitement pu pousser entre les lattes.
Mon guide entra dans une salle éclairée par deux fenêtres, plus petite que ma chambre. J’y trouvai seulement une petite table à la peinture écaillée et deux canapés élimés, sur lesquels j’aurais eu peur de m’asseoir. Mais j’avais peut-être tort. Toutes les boiseries étaient en chêne massif.
En levant la tête, j’aperçus des toiles d’araignées suspendues aux angles du plafond.
Louriana éclairait de son charme et de sa jeunesse cette pièce atone qui respirait la ruine. Elle se tenait au milieu et regardait les lieux en souriant, comme s’ils eussent été enchanteurs.
Le contraste lui donnait une allure puissamment érotique. Je l’imaginai tout à coup nue, assise sur un canapé.
« À quoi pensez-vous ? » demanda-t-elle.
Mes yeux s’arrondirent.
« Vous lisez donc dans mes pensées ? m’écriai-je.
— Il ne faut pas être douée pour déchiffrer votre regard. Je suis ignorante en sciences, mais pas en ce qui concerne les sentiments et les désirs. Tout ce qu’un homme rêve de faire à une femme, je le sais. »
Louriana fit quelques pas vers moi, avec un air si provocant que je m’attendis à la recevoir dans mes bras, mais elle s’arrêta pour déclarer :
« Ce que vous avez vu ici vous suffit-il ?
— Vous-même, où logez-vous ?
— Dans l’autre aile. Elle communique avec la cuisine, les logements des domestiques et l’écurie. Je vous les montrerai une autre fois. J’ai plutôt envie de vous emmener dans la cour, si vous le voulez bien.
— D’accord. »
Mon élève me fit retourner au corps de logis, jusqu’à une porte à deux battants grands ouverts. Ce que je découvris était une cour intérieure, mais n’en avait nullement l’apparence. Je me serais plutôt cru à la lisière d’un bois, car d’imposants troncs s’élevaient du sol. Il s’agissait de chênes, qui étaient l’espèce la plus courante du comté. Du premier coup d’œil, je vis que certains d’entre eux étaient au moins aussi anciens que le château. Comme dans une véritable forêt, le sol était recouvert de feuilles mortes, de brindilles et de petites plantes essayant de trouver un brin de lumière dans cette jungle en miniature. L’azur du ciel était remplacé par un plafond de feuilles au vert étincelant, qui effleuraient les murs du château. Des oiseaux y lançaient leurs trilles sonores.
« Très joli, jugeai-je. Mais je suis étonné que les racines n’aient pas déjà détruit les fondations.
— Les troncs me semblent assez éloignés des murs.
— Peut-être.
— Je connais le danger. Il y a des bâtiments, là-bas, que les arbres n’ont pas épargnés. C’est l’ancien château. Je vais vous le montrer.
— Si vous le voulez. Mais ne vaudrait-il pas mieux que vous mettiez des chaussures ?
— Oh, ça va ! J’ai l’habitude de courir pieds nus dans la forêt depuis mon plus jeune âge. Je suis une sauvageonne. »
Louriana se jeta dans cet étang de verdure, traçant un bruyant sillage dans le tapis de feuilles mortes. Je la suivis en regardant s’éloigner les murs du château. Il était impossible de distinguer quoi que ce fût à travers les fenêtres, à part une obscurité grisâtre. Je n’avais ressenti aucune oppression en parcourant cet édifice, mais la forêt me donnait l’impression de revenir à la vie.
Nous passâmes sous un porche et entrâmes dans une deuxième cour où la végétation était plus clairsemée. Elle ne comprenait que deux arbres de grande taille. Les murs qui se trouvaient devant moi étaient en grosse maçonnerie, et bien plus anciens que ceux de derrière. Ils ne comportaient aucune fenêtre, mais seulement deux portes enterrées jusqu’au linteau, auxquelles on accédait par des escaliers.
« Il y a des pièces souterraines ? questionnai-je.
— Oui, mais elles sont vides et plongées dans le noir. Je ne vous conseille pas d’y aller, sauf si vous aimez les araignées et autres bestioles du même genre. »
Ces lieux, pourtant, n’étaient nullement abandonnés. Les escaliers étaient entourés d’espaces en terre battue, dépourvus du moindre brin d’herbe.
Je m’écartai de Louriana pour y jeter un coup d’œil, mais en voyant une porte fermée, je compris que ma visite s’arrêterait là. J’essayai cependant de discerner d’éventuelles traces de pas. Les seules que je trouvai me furent apportées par Louriana, qui me rejoignit et prit ma main droite dans la sienne. Elle approcha son visage aguicheur du mien.
« Il existe des lieux plus attrayants, susurra-t-elle.
— Comme quoi ?
— Des lieux de lumière. »
Elle m’entraîna vers une brèche du mur de droite. Me lâchant la main, elle monta sur les pierres éboulées avec l’agilité d’un bouquetin, en retroussant sa jupe, et passa de l’autre côté.
Du château fort qui se dressait autrefois à cet endroit, il ne restait que des pans de murs dépassant rarement ma taille. En bas de la colline, il était impossible de les voir, d’autant plus qu’ils étaient noyés dans la forêt. Parfois, les pierres étaient entièrement recouvertes de mousses, qui leur donnaient l’apparence d’énormes coussins. Il leur arrivait aussi d’être soulevées par les racines des arbres.
« Ce château a-t-il jamais été attaqué ? m’enquis-je.
— Non. Il a été abandonné et la forêt a eu raison de lui.
— Je vois cela.
— On a également utilisé ses pierres pour construire le nouveau le nouveau château.
— Ah ! Je comprends pourquoi il n’en reste presque plus rien.
— Ce sont les vestiges d’un passé très lointain. C’est aussi mon terrain de jeu. »
Dans ce chaos de pierres retournées par les vagues du temps, je m’aperçus que je m’étais complètement trompé au sujet de sa famille. Je n’avais nullement affaire à des aristocrates. Je ne savais pas encore ce qu’il en était de Nikholor et de son épouse, mais Louriana était bien, comme elle l’avait dit, une sauvageonne.
Malgré ses beaux habits, elle me semblait beaucoup plus à sa place dans ces ruines verdoyantes que dans les salles poussiéreuses du nouveau château.
« Et que faites-vous comme jeu ? demandai-je.
— Monter sur les murs et les arbres.
— Avec votre jupe ?
— Non, sans elle.
— Je peux vous regarder ? »
Une brutale poussée de désir me donna une érection que Louriana vit peut-être. Son regard était fixé sur mon pantalon.
« Vous pourrez donc obtenir ce que vous voudrez de moi. »
J’avais à présent l’occasion de vérifier si j’avais compris la pleine signification de cette phrase.
Louriana se mit de profil et passa une main sous sa jupe. Ce geste me surprit d’abord, puis je me rappelai que Violla s’était touché le sexe sous mes yeux. J’en fus intrigué.
« Qu’est-ce que vous faites ? demandai-je.
— Rien… Je me prépare. »
La tête penchée, les yeux mi-clos, elle effectua une opération qui eut un effet immédiat. Son visage se colora et sa poitrine se souleva comme si elle se caressait la vulve, mais j’eus plutôt l’impression que ses mains parcouraient l’intérieur de ses cuisses. Quand elle les retira, elle les regarda et il me sembla qu’elles étaient devenues luisantes.
J’en aurais vu plus si je m’étais approché d’elle, mais je restais à quelques pas. À la question que je lui posai, elle me répondit par une autre question :
« Connaissez-vous bien les femmes ? En théorie, sûrement, mais en pratique ?
— Oui.
— Oui comment ? Vous avez couché avec des femmes ?
— Surtout des prostituées.
— Ça vous a plu ?
— Oui.
— Comment est votre appétit sexuel ?
— Il est excellent.
— Vous pourriez faire l’amour tous les jours ?
— Sûrement, mais je n’ai pas d’amante régulière.
— Ma sœur et moi, nous nous mettons à votre service. Vous pourrez nous prendre aussi souvent que vous le voudrez. Qu’en pensez-vous ?
— Si cela ne vous dérange pas…
— Non, bien sûr. Je peux voir votre queue ? Moi, je vais enlever ma jupe. »
Me faisant de nouveau face, Louriana dégrafa son vêtement, tandis que je déboutonnai ma braguette pour en extraire un pénis gonflé de désir. La liberté complète dont je disposais m’excitait à un point que je ne saurais décrire. Tous mes scrupules avaient été balayés.
Louriana suspendit sa jupe à une branche d’arbre et me montra une paire de jambes d’une perfection absolue. C’était comme deux orchidées jumelles qui venaient de s’ouvrir sous le soleil. Elles étaient longues et galbées, surmontées de hanches qui étaient des invitations à la luxure. Louriana souleva son corsage pour me montrer une aine recouverte d’une petite touffe de poils à peu près noirs. Dessous, je vis une fente dans laquelle j’eus immédiatement envie de m’engouffrer.
Je tenais à pleine main mon phallus, qui n’avait nullement besoin de mon aide pour se dresser. Louriana s’approcha de moi et prit mon gland entre deux doigts.
« Vous êtes bien outillé, jugea-t-elle.
— Vous pensez ?
— Oui. Vous avez exactement ce qu’il faut pour séduire les femmes… Et pour leur remplir le vagin. »
Mes doigts furent remplacés par les siens. Ils firent glisser la peau élastique le long de la hampe, en découvrant le gland, jusqu’à tâter mes testicules.
Quant à moi, je lui caressai une hanche, puis mes doigts s’aventurèrent vers l’une de ses fesses. Cela ne dura guère, car tout en continuant à me masturber, elle avança sa bouche vers la mienne.
Elle avait des lèvres chaudes et humides. J’y retrouvai le subtil parfum de lys que j’avais déjà senti, et qui submergeait mon âme. Il ne venait pas d’un point particulier de son corps, mais l’enveloppait comme une nuée. Nos langues se trouvèrent et s’enroulèrent l’une autour de l’autre. Mon excitation en fut démultipliée, au point que je fus obligé de me séparer d’elle.
« Je vais me répandre dans votre main, dis-je.
— Déjà ?
— Vous êtes tellement désirable !
— Chez moi, il y a des produits qui vous permettront de faire l’amour longuement et très souvent. Est-ce qu’ils vous intéressent ?
— Des aphrodisiaques ?
— Oui.
— Je les essaierai.
— Vous avez une bite splendide, mais elle deviendra encore plus belle et sera dure comme pierre. Vous verrez. »
La lubricité allumait un feu rutilant dans les yeux de Louriana. Un mélange de curiosité et de désir me fit poser une main sur le haut de ses cuisses. Je faillis pousser une exclamation en découvrant à quel point elles étaient trempées.
« Vous mouillez beaucoup, fis-je.
— Oui, toujours.
— Ce sont ces substances qui vous rendent comme cela ?
— Non. Je suis faite ainsi. C’est parfois gênant.
— Je trouve que c’est mieux.
— Puisque vous êtes prêt à éjaculer, faites-le dans mon cul. »
Elle se dirigea vers un mur et posa ses mains dessus, de manière à me présenter sa croupe charnue.
Je ne m’étonnais plus de rien. Et allais-je me plaindre de tomber sur une jeune fille au tempérament aussi ardent ?
Nous étions seuls dans une forêt clairsemée, au sol parsemé de taches lumineuses. On n’y entendait que des chants d’oiseaux et des bourdonnements d’insectes. Malgré la chaleur estivale, j’avais l’impression que les frondaisons faisaient tomber des gouttes de fraîcheur qui nous invitaient à l’amour.
Je m’approchai donc de Louriana et passai un index entre ses fesses, sur ses lèvres intimes gonflées et humides. J’y plantai ensuite ma tige. Elle avait un vagin étonnamment étroit, mais si bien lubrifié que j’y entrai sans aucune difficulté. Je me sentais pressé comme un quartier d’orange, dont le jus n’allait pas tarder à gicler. Pour profiter au maximum de cet accouplement, je donnai de puissants coups de reins. La vue de mon appendice entrant et ressortant précipitamment de la croupe de Louriana m’excita encore plus, si bien que ma jouissance monta en flèche.
Je connus un orgasme foudroyant, mais le plus intéressant fut que mon amante sembla également en avoir un, juste au moment où ma semence fut projetée en elle. J’en identifiai les symptômes : halètement précipités et spasmes parcourant tout son corps. Il était heureux qu’elle pût s’appuyer sur le mur, car elle sembla perdre le contrôle d’elle-même.
Tandis que Louriana revenait de sa transe, je pris entre mes doigts mon sexe fourbu, enduit d’un jus glissant, et je le rangeai dans mon pantalon.
« Si je puis me le permettre, vous avez l’air expérimentée, opinai-je.
— Ne soyez pas gêné d’en parler. Effectivement, j’ai connu pas mal d’hommes.
— Des domestiques ?
— Oui. Des amants de passage aussi. J’attire les hommes et je ne leur refuse rien, alors… »
Louriana se retourna vers moi en souriant. Elle se pencha ensuite pour passer une main sur ses cuisses, m’offrant une vue plongeante sur son décolleté.
« Vous m’avez dit que vous savez grimper aux arbres ; je vous ai vue grimper aux ciel, plaisantai-je.
— Comprenez-vous que l’on veuille cultiver ce plaisir ?
— Certes.
— Ma sœur et moi, nous partageons la même passion pour le sexe. Voulez-vous la rejoindre ? Votre bain doit être prêt. »