Chapitre II
Le lendemain, je me réveillai un peu après Ilouwa. Elle était assise sur notre lit, nue et dans la même position que la veille. Comme notre chambre était orientée à l’est, les rayons du soleil entraient à flots par deux grandes fenêtres donnant sur une cour. En redressant la tête, je vis un drap froissé à mes pieds. Je devinai que ma handaï l’avait étendu sur moi et qu’elle venait de le retirer afin de me regarder. Mon érection matinale lui donnait des envies mais elle se retenait de toucher à ma verge.
« As-tu bien dormi ? s’enquit-elle avec un sourire extrêmement doux.
— Oui, répondis-je. J’étais vraiment fatigué.
— Tu sais que tu as les pieds d’un voyageur ? »
Sa remarque m’amusa. Je m’assis pour regarder et tâter mes pieds.
« Mais sais-tu d’où je viens ? demandai-je. Hier, nous n’avons pas fait de présentations.
— Tout ce que tu as déclaré aux prêtres à ton arrivée, ainsi que les observations qu’ils ont faites sur toi, m’a été rapporté. Quand j’ai accepté de te faire entrer dans ma chambre, je savais parfaitement qui tu étais.
— Parce que tu avais la possibilité de refuser ?
— Je suis une prêtresse. Je n’obéis qu’à moi-même. De tout ce qui me concerne, rien ne se passe sans mon accord.
— Mais je n’ai pas dit grand chose à mon sujet.
— C’était suffisant. Et je suis venue t’observer pendant que tu te reposais.
— Dans la chambre où j’ai mangé mon repas de fruits ? m’écriai-je.
— Oui. Je t’ai regardé à travers des trous dans un mur, quand tu étais allongé sur le lit. Plus tard, quand la servante est revenue et que tu l’as caressée, j’étais également là.
— Et quand j’étais dans le bain ?
— Tu t’y es lavé sous mes yeux. Alors tu comprends que je ne me suis pas donnée à un inconnu. Quand je suis entrée dans le naos, je te désirais. »
J’avais cru que Toumantiya l’avait désignée pour s’unir à moi, mais je m’étais complètement trompé. Je faillis rire de ma grossière erreur.
Ahhina et Hantiwa s’étaient absentées. Elles revinrent en portant de l’eau dans des jarres.
« Je suppose que nous allons commencer notre journée par la toilette, dis-je.
— En effet. »
Cette opération comprenait une part qui m’était familière et une autre qui l’était beaucoup moins : les organes génitaux faisaient l’objet d’un soin très particulier. Ilouwa s’était couchée sur le dos, les cuisses écartées. Après avoir lavé et essuyé sa vulve, Hantiwa appliqua un onguent à l’extérieur et à l’intérieur de ses petites lèvres. Elle introduisit également une poudre grisâtre dans son vagin, dont elle massa soigneusement les parois avec son index.
« Qu’est-ce que c’est ? m’enquis-je en désignant le pot d’où elle était extraite.
— Je ne sais pas au juste, répondit la servante. C’est un produit que les médecins nous donnent. Cela nous protège le sexe. »
Pour moi, la toilette était moins compliquée. Ahhina lava et parfuma mon anus puis mon pénis, qui se raidit entre ses mains expertes. Elle massa mon gland avec la même huile que la veille. À la fin de son travail, elle contempla mon sexe avec un semblant de fierté. J’étais assis nu sur le lit, alors qu’elle était agenouillée par terre, entre mes jambes.
« Si je t’ai excité, prends-moi, me suggéra-t-elle. Tu m’as choisie mais tu ne m’as pas encore pénétrée.
— Je le ferai quand je saurai mieux m’y prendre avec les servantes.
— Si tu ne veux pas t’accoupler avec moi, fais-le avec Ilouwa. Un homme en érection ne peut pas rester comme cela. »
Je donnai un coup d’œil à ma compagne. Comme elle avait fini sa toilette, elle me fit signe qu’elle était prête. Je m’allongeai alors sur le dos et Ilouwa me chevaucha. En tenant, avec sa main droite, mon phallus dressé à la verticale, elle descendit sur lui, jusqu’à ce qu’il fût inséré jusqu’à la garde dans son ventre. Son accueillant vagin serrait mon sexe d’une manière incomparable.
Elle comprit que je voulais profiter aussi longtemps que possible de cette sensation. Sans bouger son bassin, elle posa ses mains à plat sur ma poitrine, puis elle se mit à explorer mes puissants pectoraux et à jouer avec mes tétons, avec un art consommé. Son visage était éclairé par le sourire enfiévré d’une amoureuse, et elle ne tarda pas à confirmer ce que je sentais :
« Cléaridas, je t’aime. »
Je lui répondis d’une manière ironique, pour la taquiner :
« Mais tu sais encore si peu de choses sur moi !
— L’amour n’obéit pas à la raison.
— Certes, mais quand tu me connaîtras bien, je risquerai de te décevoir.
— Hier, je t’ai longtemps observé, et je sais jauger les hommes. N’oublie pas que j’en ai connu beaucoup. Je sais parfaitement quel genre d’homme tu es.
— Nous ne sommes pas ici pour l’amour, mais pour le sexe, objectai-je encore.
— Tu as raison. Pourtant, l’amour n’est pas interdit.
— Moi aussi, je t’aime, avouai-je plus sérieusement. Tu as un corps parfait et tu es douce et attentionnée. Et plus encore, tu as une sorte de mélancolie qui me touche beaucoup, mais je ne sais pas ce que tu caches derrière ton beau visage. »
J’avais touché une corde sensible d’Ilouwa. Sa réaction me montra qu’elle dissimulait quelque grave secret, mais elle essaya immédiatement de l’effacer en forçant son sourire.
« Ça n’a pas d’importance, prétendit-elle. Nous devons penser au plaisir et à rien d’autre. Dans le naos, tu as voulu me faire jouir et je te remercie d’y avoir songé. L’échange est la base de l’amour. Trop souvent, les hommes ne pensent qu’à eux-mêmes. Je vais te montrer le meilleur moyen de faire jouir une femme. Tu dois faire tourner ton sexe dans mon vagin, mais puisque c’est moi qui me trouve sur toi, c’est à moi d’agir. Pendant ce temps, tu peux me caresser les seins. »
Ilouwa se souleva légèrement et imprima un mouvement de rotation à son bassin. Je me mis à titiller ses jolis mamelons roses. De temps en temps, elle écartait mes doigts ou les guidait, pour me montrer comment faire.
« Observe bien comment ton phallus bouge à l’intérieur de moi », conseilla-t-elle.
Mon pubis et mes testicules furent bientôt inondés par son nectar, et son excitation allait croissante. Je sentais le durcissement des pointes de ses tétons sous mes doigts. Son exercice s’acheva par un orgasme presque silencieux, mais qui l’emporta comme un brasier. Je sentis son corps se contracter entre mes mains. Puisque j’étais moi-même très excité, je lâchai en elle un long jet de sperme.
Nous soufflâmes un moment, en reprenant peu à peu nos esprits.
« C’était comment ? me demanda-t-elle.
— Extraordinaire. Pour toi aussi, apparemment.
— Maintenant, veux-tu que je t’explique comme jouir sans éjaculer ?
— Oui.
— Quand tu urines, entraîne-toi à arrêter ton jet et à le reprendre. Au bout d’un certain temps, tu pourras faire la même chose avec ta semence, parce que la miction et l’éjaculation fonctionnent de la même manière. Dès que tu sens la jouissance gagner ton sexe, bloque ton sperme.
— C’est tout ?
— Tu devras t’entraîner avec moi. Nous ferons l’amour plus lentement pour que tu comprennes ce qui se passe dans ton sexe. Tu sentiras ta jouissance approcher mais tu verras que ta semence ne montera pas tout de suite. C’est dans ce court instant que tu devras apprendre à te maîtriser. C’est très utile pour faire l’amour aux servantes. Mais sur les prêtresses, cela ne doit pas être utilisé.
— Je l’ai parfaitement compris.
— Sauf si tu veux jouir dans notre bouche ou nous sodomiser. Avec cette méthode, un homme bien entraîné peut rester en érection presque toute la journée et faire l’amour à d’innombrables femmes.
— Les hommes en érection, c’est votre idéal ?
— C’est ainsi que vous honorez Welouma. »
Ilouwa tournait le dos à la porte, et comme elle réduisait mon champ de vision, je n’avais pas vu qu’un homme se tenait sur le seuil. Il avait assisté à nos orgasmes et écouté notre conversation. À ce moment, il se décida à entrer dans notre chambre.
C’était un individu à la forte carrure, qui portait une tunique semblable à la mienne. Son visage jovial était orné d’une petite barbe noire et des poils sombres tapissaient ses jambes. Il devait avoir le même âge que moi mais sa pilosité le faisait paraître plus âgé.
« Alors, nous sommes compatriotes ? s’écria-t-il en tapant dans ses mains. Bienvenue dans ce monde fabuleux ! Je m’appelle Mélanopos.
— Mon nom est Cléaridas, répondis-je.
— On va faire connaissance, hein ? Mais je viens d’entendre notre Ilouwa parler de fellation et de sodomie, alors je vais te montrer ce qu’elle sait faire. Celle-là, c’est une véritable perle. Tu n’as pas encore idée de ce qu’on peut lui demander. Regarde ça ! »
Il se plaça devant notre lit et sortit de sa tunique un impressionnant phallus, dont la peau était soulevée par de grosses veines et qui se terminait par un gland cramoisi. Son instrument n’était toutefois pas d’un excessive longueur.
Ilouwa se trouvait toujours sur moi. Elle se leva en libérant mon pénis, qui retomba mollement sur mon aine. Elle s’assit devant Mélanopos et referma ses lèvres et sa langue sur son gland. Sa main droite effectua un mouvement de va-et-vient le long de la hampe, dont elle malaxait la peau. Pendant ce temps, Mélanopos lui pinçait les mamelons. Il se mit à tirer dessus comme s’il avait voulu lui arracher les seins.
« Ça, ce n’est que le début, me prévint-il. Tu vas voir ! »
Ilouwa avala complètement son phallus. Je n’avais pas cru que cela fût possible. Elle arrivait pourtant à le remuer dans sa bouche, si bien qu’il gonflait ses joues. Elle recommença son va-et-vient tout en introduisant sa main gauche entre les cuisses de Mélanopos, et pour me permettre de voir ce qu’elle faisait, celui-ci dénoua sa ceinture et retira sa tunique. Il empoigna ensuite Ilouwa par les cheveux pour l’aider à effectuer ses mouvements, sans chercher à la ménager. Pendant ce temps, elle excitait l’anus de Mélanopos de l’intérieur avec son index. J’assistai à ce spectacle à quatre pattes sur le lit.
Mélanopos secouait de plus en plus rapidement la tête de son amante. Je vis sa jouissance venir. Il s’arrêta, tous ses muscles contractés, et émit un puissant grognement. Pendant ce temps, Ilouwa s’efforçait de serrer autant que possible son sexe dans sa bouche.
Quand il le retira, je n’y vis pas une seule goutte de sperme.
« Ah ! Qu’est-ce qu’elle est bonne, cette putain ! Qu’est-ce qu’elle est bonne ! s’écria-t-il. Tu as déjà tenté l’expérience ?
— Non.
— Alors fais-le. Mais c’est dommage qu’il y ait cette interdiction d’éjaculer dans la bouche. Je lui ferais volontiers avaler ma sauce, à ta petite handaï. Je suis sûr qu’elle aime le goût du sperme, comme toutes les salopes qui vivent ici. »
Il pinça une joue d’Ilouwa, et en la tirant par les cheveux, il la força à descendre du lit. Il la poussa contre un mur, où elle posa ses mains. En se cambrant, elle fit saillir ses opulentes fesses. Mélanopos leur administra quelques claques puis il s’agenouilla pour lui sucer son œillet et le pétrir avec ses doigts. Quand il se releva, Ahhina appliqua de l’huile sur son phallus, et elle prépara également son amante. Mélanopos posa alors son énorme gland sur la rondelle d’Ilouwa, et il poussa. La porte s’ouvrit. Mélanopos retira sa verge pour me laisser voir une ouverture béante, puis il défonça encore l’anus d’Ilouwa. Il introduisit plusieurs fois son sexe, de plus en plus profondément, et il se mit à pilonner pour de bon la prêtresse. Elle était secouée de la tête aux genoux et elle émettait une série continue de petits glapissements.
Je m’étais levé pour les regarder de profil. Comme cette scène m’excitait, mon pénis s’était redressé. Ahhina était venue m’enlacer par derrière et elle chatouillait mon sexe. Je sentais ses seins appuyés sur mon dos.
Mélanopos eut un deuxième orgasme sec. Quand il se retira, Ilouwa parut vaciller, mais elle maintint sa position. Ses mains, toujours posées à plat sur le mur, n’avaient pas bougé. Son anus se referma lentement.
« C’est merveilleux, hein ? me fit Mélanopos avec un clin d’œil. Essaie donc cela, toi aussi. Et maintenant, je vais passer au dessert. »
Hantiwa lui lava le phallus, toujours aussi enflé et dur. Il le fit d’abord glisser sur les petites lèvres d’Ilouwa, il avança une main pour lui pincer un téton, puis il la pénétra. Il se mit à la limer si rapidement que je n’arrivai pas à suivre le mouvement de son sexe. Le claquement effréné des fesses d’Ilouwa contre le bassin de Mélanopos résonnait dans notre chambre. Elle s’efforçait également de prendre son plaisir, en se massant le clitoris d’une main.
Ils arrivèrent à jouir en même temps. Cette fois, Mélanopos se vida en elle. Il lui remplit probablement le vagin, dans lequel j’avais déjà éjecté ma semence. Quand il se sépara d’elle, Ilouwa s’effondra en position accroupie.
« Tu as vu comme elle serre bien ? me dit Mélanopos. Et regarde comme elle mouille ! Ça lui dégouline sur les jambes. Je t’avais dit que c’était une perle, hein ? Celle-là, tout le monde l’aime. Profite d’elle autant que possible. Tu peux tout lui demander. »
Après un rapide nettoyage de son sexe, il remit sa tunique.
« Tu peux faire tout ce que tu veux à toutes les femmes d’ici, poursuivit-il. Enfin presque… Mais quand même, on est bien servi. Tu ne peux pas savoir comment cette idée me fait bander, rien que d’y penser !
— Moi aussi, mais je n’ai pas ton expérience, répondis-je.
— Ça viendra ! Dans un mois, tu seras au point, et alors, tu pourras vraiment profiter de ton séjour. »
Il s’approcha de moi pour me donner une claque sur l’épaule.
« Je vais te présenter ma handaï, dit-il. Ce n’est pas Ilouwa mais elle est quand même bien. C’est une jeune fille mignonne comme une prune. Elle sait aussi donner du plaisir.
— Demain, peut-être, marmottai-je.
— Fais comme tu veux ! Mais cet après-midi, après la sieste, viens nous voir au bain.
— D’accord, répondis-je sans savoir ce qu’il voulait dire.
— Et tu sais que nous avons un gymnase ? On nous aide à nous maintenir en forme. Je t’y attendrai.
— Je viendrai, c’est promis. »
Il s’en alla après un salut plein d’entrain.
Les pénétrations successives d’Ilouwa l’avaient rendue aphone. Hantiwa l’aida à revenir sur notre lit. Avant qu’elle ne lui refît une petite toilette, je passai ma main sur ses cuisses, pour voir qu’elles étaient effectivement trempées.
J’attendis que ma compagne eût remis de l’ordre dans sa tête pour lui faire remarquer que Mélanopos avait été un peu brutal avec elle.
« Je croyais que la violence était interdite, dis-je.
— Ce n’était rien ! répondit Ilouwa. Tu as remarqué comment il m’a sodomisée ? Il s’y est pris avec beaucoup de délicatesse, pour ne pas me faire mal.
— Alors je peux moi aussi distribuer des fessées ?
— Évidemment. »
Après cela, nous nous habillâmes et nos servantes nous apportèrent à manger. Les aliments étaient cuits dans une cuisine commune mais les prêtresses mangeaient dans leurs chambres, assises sur leurs lits. Nous eûmes droit à un épais potage de légumes et à un petit pain rond. J’avalais tout avec un excellent appétit, comme si je n’avais rien mangé la veille.
« Alors maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? demandai-je à Ilouwa.
— Moi, je vais rester ici. »
Elle passa ses doigts sur ma tunique.
« Tu n’as que ce vêtement ? s’enquit-elle.
— Il y en a un autre dans mon sac.
— Deux tuniques, cela ne suffit pas. Celle-ci est d’ailleurs sale. Tu devrais la donner à laver. Je vais t’en confectionner une troisième.
— Comme une épouse ? fis-je.
— Exactement… comme une épouse, répondit Ilouwa en souriant.
— Après le passage de Mélanopos, j’ai du mal à imaginer ça ! Il t’a qualifiée deux fois de putain, et partout, vous êtes considérées comme des prostituées sacrées.
— Ou des prêtresses-putains.
— Pourquoi dit-on cela ? Ce que tu fais, ce n’est pas de la prostitution, puisque tu ne demandes pas d’argent. »
Mon observation fit rire Ilouwa. Sa gaieté illuminait ses prunelles vertes et la rendait deux fois plus belle.
« Tout le monde connaît le temple de Welouma, dit-elle, mais on ne sait quasiment rien de ses prêtresses. Il va falloir que je t’explique tout. Nous sommes ici pour engendrer un garçon ou une fille qui servira l’un de nos dieux. Quand une prêtresse est enceinte, elle est mise à l’écart dans une aile du temple, où elle n’a plus de rapports avec les hommes. Elle y passe toute sa grossesse et accouche sous la protection de Welouma. Une autre statue de la déesse se trouve dans la salle de travail, mais tu ne la verras jamais car les hommes n’y ont pas accès. Ensuite, la prêtresse quitte le temple. Elle part vivre en ville, où elle élève son enfant ou le confie à quelqu’un. Si elle décide de continuer à servir Welouma, ce qui est presque toujours le cas, elle s’offre à tous les hommes. Pour autant, elle n’est pas exactement une prostituée, car elle est aussi payée pour le culte de Welouma, et évidemment, elle se donne gratuitement à certains hommes, s’ils lui plaisent.
— Mais la plupart doivent payer ?
— Il faut bien que les prêtresses vivent ! Mais cet argent est un don à la déesse. Nous sommes considérées comme ses incarnations, et dans l’intérêt de notre peuple, nous devons nous livrer aux hommes et procréer. Nous représentons la fécondité de notre royaume. Si la déesse n’existait pas, ou ce qui revient au même, si ses prêtresses n’existaient pas, il n’y aurait plus de fécondité.
— Donc votre activité est vitale ?
— Si tu as compris cela, tu sais l’essentiel. Le temple de Welouma est une sorte de matrice géante d’où sortent la plupart des prêtres, et symboliquement, tous les enfants warittes. Cela explique qu’il soit si célèbre à l’étranger.
— Mais pourquoi n’ai-je jamais entendu parler des prêtresses qui vivent en ville, alors que ce sont elles qui sont les prostituées ?
— Parce qu’elles ont peu de véritables clients. Presque toutes continuent à fréquenter les hommes qu’elles ont connus ici. Après quarante ans, elles se décident généralement à se marier. Elles en sont libres mais elles ne peuvent plus être considérées comme des prêtresses de Welouma. Une prêtresse doit absolument se donner à tous les hommes.
— Et j’imagine que les gens sont prêts à payer très cher pour épouser une ancienne prêtresse. Il n’y a pas de femmes plus savantes en sexualité que vous. »
Ilouwa ne me contredit pas.
Je méditai sur ses paroles, et très vite, il m’apparut une vérité qui m’effraya. C’est que si elle tombait enceinte, elle me serait retirée.
Je lui exprimai ma crainte.
« Si cela devait se produire, nous pourrions nous revoir quelques mois plus tard, mais en dehors du temple, répondit-elle avec un sourire rassurant.
— Et tu accepterais de m’épouser ?
— Pourquoi pas ? »
Je la pressai contre moi pour l’embrasser et lui caresser les cuisses.
« Tu m’aimes vraiment ? fis-je.
— Oui.
— Mais je ne suis qu’un étranger sans la moindre attache dans ce pays.
— Je pourrais t’aider à t’établir. Comme je viens de te le dire, les prêtresses continuent à fréquenter les amants qu’elles ont rencontrés ici, et elles peuvent aussi se marier. »
Je me mis aussitôt à genoux devant elle et lui baisai les jambes, en écartant son péplos jusqu’aux hanches. Sa peau était d’une douceur enivrante. Je brûlais d’envie de la goûter avec tous mes sens.
« Tu as le tempérament vif ! s’écria-t-elle.
— J’ai toujours été comme ça.
— Ce n’est pas bien. Pour le moment, je suis ta handaï, pas ta femme. Je dois m’offrir aux autres hommes et tu dois chercher d’autres femmes. Il y a beaucoup de jeunes filles très belles. Peut-être les aimeras-tu aussi. »
Elle se leva pour me tirer par la main. Je fus propulsé vers la porte.
« Le système des handaï a été mis au point pour éviter toute contestation, m’expliqua-t-elle. Une handaï est attribuée à un homme une fois pour toutes, pour qu’il sache avec qui il va passer ses nuits. Elle s’occupe aussi de son bien-être matériel, mais il ne doit pas passer ses journées dans sa chambre. Sexuellement, je suis la femme de tous les hommes et toutes les femmes sont à toi. C’est une règle que tu dois absolument avoir en tête. »
Ilouwa se rappela que je devais me changer. Elle retira ma tunique et me donna mon vêtement de réserve. Ensuite, elle me poussa de toutes ses forces hors de sa chambre.
« Allez ! fit-elle. Mets-toi en chasse. »
Elle avait raison. Si j’étais venu ici, c’était pour jouir sans retenue des femmes du temple. Mes sentiments étaient en train de me gêner.