Le lendemain aurait pu être une journée ordinaire. Mais alors qu’Ilouwa, à peine levée, marchait nue dans sa chambre, du sang tomba de sa vulve et coula sur ses cuisses. Hantiwa s’empressa de l’essuyer. Ma compagne ne saigna pas seulement ; elle ressentit aussi des douleurs au bassin. Dès la fin de sa toilette, elle s’assit sur une nouvelle feuille de palmier et ne bougea plus. Je la sentais contractée, peu disposée à entamer la conversation avec moi, alors je gardai le silence.
La veille, je l’avais sentie sur le point de fondre en larmes. Sa souffrance avait rejailli sur moi. Que n’aurais-je donné pour offrir à ma bien-aimée la joie de quitter le temple en portant un fœtus ? Je n’avais pas vu de prêtresse s’en aller vers les logements des femmes enceintes, mais je savais comment cela se déroulait. Il fallait être sûr qu’elle fût effectivement gravide, si bien que les prêtresses avaient déjà conçu leurs enfants depuis trois mois quand elles étaient autorisées à partir. Elles ceignaient alors une couronne de fleurs et s’en allaient en procession, accompagnées de leurs plus proches consœurs. La première chose qu’elles faisaient, dans leur nouvel univers, était d’offrir un sacrifice à Welouma.
Grâce à mon cauchemar, j’avais compris qu’il serait inutile d’attendre une grossesse. Ilouwa n’y gagnerait que de nouvelles souffrances et s’acheminerait vers un sort funeste. Il n’était pas impossible que sa disparition se produisît vraiment comme je l’avais vue. Je savais que le sang pouvait couler dans l’enceinte du temple. Ce qui était probablement faux, c’était qu’Ilouwa ne se débattrait pas, mais qu’elle accepterait son sort avec résignation.
Je pris un moment pour digérer mon petit déjeuner puis je m’en allai en demandant à Wanzata de m’accompagner au gymnase. Elle accepta gaiement, croyant que je lui proposais de prendre du bon temps avec moi, comme nous l’avions déjà fait.
Pour une fois, Mélanopos ne se présenta pas. Euryèlos arriva seul avec deux Warittes, si bien que nous effectuâmes nos exercices à quatre. Il y eut beaucoup de lutte, car les hommes de ce pays en faisaient aussi, en observant à peu près les mêmes règles, mais sans se dénuder. Nous nous entraînâmes également au maniement du glaive.
À la fin, nous prîmes un bain et nous remîmes nos corps entre les mains de nos masseuses. Comme la dernière fois, Wanzata mouillait déjà quand elle commença à faire glisser ses mains sur ma peau. Lorsque je me plaçai sur le dos, je lui demandai de se déshabiller.
Elle retira son vêtement et fit saillir ses seins dans ses mains, comme pour m’exciter, mais je l’étais déjà beaucoup. Par surcroît, deux prêtresses gravitaient autour de nous, complètement nues, en attendant de se faire ensemencer par les quatre athlètes. Elles me faisaient penser à des abeilles passant d’une fleur à l’autre pour recevoir leurs pollens. Tout était donc en place pour une mémorable orgie.
Assise sur mes cuisses, Wanzata prit mon phallus dans ses mains et tira sa peau vers le bas, pour découvrir le gland. Elle le contempla comme une énorme gemme, ses yeux brillant de convoitise. En se penchant, elle lâcha un filet de salive qui tomba juste sur le méat urinaire, puis elle referma ses lèvres dessus et suça goulûment la peau lisse et luisante. Tout mon membre s’enflammait comme de la paille séchée. J’étais d’autant plus sensible aux caresses de Wanzata que je n’avais pas éjaculé depuis la veille, durant l’après-midi.
Mais quand elle approcha sa vulve suintante de cyprine de mon gland, je l’arrêtai.
« Allons sous un arbre, proposai-je.
— Pourquoi ?
— Je n’ai pas encore fait l’amour dans le parc. »
Je descendis de mon lit et entraînai Wanzata. Les prêtresses nous regardèrent partir sans se poser de questions, parce que notre comportement n’avait rien de suspect.
Je m’assis sur un banc, les jambes bien écartées, et j’invitai ma servante à s’agenouiller entre elles.
« Continue à me sucer, dis-je. Efforce-toi de ne pas montrer tes émotions, bien que j’aie des choses graves à te dire. »
Wanzata fut intriguée mais elle m’obéit. Elle commença par lécher brièvement mes testicules, en tenant mon phallus à la verticale, puis elle avala ce dernier. J’observai les mouvements de sa tête entre mes cuisses.
« Ilouwa est en danger si elle reste ici, déclarai-je. Si tu l’aimes vraiment, tu dois m’aider à la sauver. »
Ma servante s’arrêta pour lever ses yeux écarquillés vers moi.
« Ce temple recèle de terribles secrets, poursuivis-je. Mais ils sont extrêmement bien gardés. Il est étonnant que tant de personnes puissent y vivre des mois ou des années sans rien savoir. J’explique cela par le manque de curiosité… Recommence à me sucer. »
En ce lieu où la vie privée n’existait pas, où l’on copulait même sous les yeux de tout le monde, il n’était guère facile de comploter. Si au début de la matinée, j’avais simplement invité ma servante à se promener avec moi dans le parc, j’aurais paru suspect.
« Crois-moi, Ilouwa sera perdue si tu ne m’aides pas, repris-je. Nous devons nous enfuir tous ensemble, et j’ai l’intention de mettre mon plan à exécution après la pleine lune. J’ai déjà le soutien de Mélanopos, d’Euryèlos et d’une prêtresse qui habite en ville. Mais j’ai aussi besoin de toi. Comme tu es une servante, tu peux aller partout dans le temple. Tu peux ouvrir les portes des celliers, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Une nuit, nous partirons par une porte de derrière et nous irons à l’Antarant, où un bateau nous attendra. Tu crois que mon idée est réalisable ?
— Oui.
— Alors acceptes-tu de nous aider ? Si tu le veux, prends le temps de la réflexion. Je te demande de te révolter contre Welouma et de fuir ton pays. C’est une décision très grave. »
Wanzata cessa sa fellation mais me masturba énergiquement. Elle maintint de la sorte mon désir bien que notre conversation fût de nature à nous refroidir. Je dus même lui demander d’aller moins vite, car je fus près de lui gicler dans les mains.
« Si tu me jures qu’Ilouwa est vraiment en danger, vous pourrez compter sur moi, répondit-elle.
— Sur les dieux de mon pays, je te le jure.
— Alors je vous aiderai. Ilouwa et toi, vous constituez ma seule famille, donc je vous suivrai partout où vous irez.
— Mais il faut absolument garder le silence, car je vais sauver Ilouwa malgré elle. Elle tient à remplir son office de prêtresse jusqu’à la mort, mais moi, je l’en empêcherai.
— Je ne dirai rien à personne, c’est promis. »
Elle me regarda dans les yeux pour que je pusse vérifier sa sincérité.
« Veux-tu sceller notre pacte ? demandai-je.
— Oui.
— Assieds-toi sur moi. »
Je l’aidai à se lever en la prenant par la taille. Elle se retourna et s’assit sur mon bassin, les mains posées sur mes genoux, en enfournant ma bite dans son vagin. Tandis qu’elle s’activait, je caressais ses seins et son ventre, et j’agaçais son clitoris. Cet exercice lui plut énormément. Ses gémissements furent modérés, mais avec tout le jus qu’elle secréta, elle parut avoir renversé un flacon d’huile sur mes organes génitaux.
Finalement, je répandis en elle tout le sperme que j’avais retenu depuis la veille. Elle s’en rendit compte et tourna la tête pour me regarder en fronçant les sourcils, puis elle comprit en quoi consistait le pacte que je lui avais proposé.
En inséminant une servante, j’avais violé la règle fondamentale du temple, qui m’avait été plusieurs fois énoncée le jour de mon arrivée. Wanzata et moi, nous étions désormais liés par ce crime contre Welouma.
Elle continua un moment à soulever et abaisser son bassin. Je savais que mon pénis pouvait rester dur après une éjaculation. C’était une condition nécessaire à la réalisation de notre forfait, puisqu’il me faudrait revenir auprès des prêtresses pour remplir le vagin de l’une d’elles. Heureusement, Wanzata s’y entendait très bien pour maintenir la rigidité de ma verge. Elle me demanda de me mettre debout et s’agenouilla pour faire une nouvelle fellation, tout en enfonçant un index dans mon anus plus profondément que personne ne l’avait jamais fait. En tâtonnant, elle trouva mon point le plus sensible, et elle provoqua en moi un véritable embrasement.
Elle s’arrêta quand je l’informai quand j’étais de nouveau prêt pour un petit jet. Nous retournâmes sous la galerie et j’enfonçai immédiatement mon phallus entre les fesses d’une prêtresse. Comme j’avais été chauffé au rouge par Wanzata, je connus un sublime orgasme.
C’est ainsi que, ma servante et moi, nous devînmes complices, et manière fort étroite.
Après ses règles, Ilouwa retrouva l’espoir et redevint la femme qui m’avait si rapidement séduit. Les hommes revenant dans sa chambre, elle enchaîna les copulations à un rythme soutenu. Mélanopos et Euryèlos ne manquèrent pas de figurer parmi ces visiteurs. Ils recommencèrent à croire qu’elle pourrait être enceinte, mais ils me restèrent fidèles, prêts à accomplir ce que je leur demanderais. Et moi, l’espoir m’avait définitivement déserté.
Je n’attendais plus que ma prochaine sortie du temple. Jusque-là, je parvins à ne pas m’ennuyer, et je connus même quelques mémorables parties de plaisir. Je rencontrai plusieurs fois Azzia et je fis l’amour avec elle durant tout un après-midi, comme si nous avions décidé de participer à un concours d’endurance. Grâce à ses qualités, elle attirait les hommes autant qu’Ilouwa. L’un d’eux arriva pendant que je m’ébattais avec elle, et loin de me retirer, je restai dans sa chambre pour une partie à trois.
La veille des sacrifices de pleine lune, au début de la matinée, Ilouwa reçut une visite qui m’ébranla profondément. C’était un Waritte que je n’avais pas encore vu, ou pas encore remarqué. Il avait les cheveux châtains et il était aussi bien bâti que moi. À son arrivée dans notre chambre, il me salua d’abord, en levant la main droite à la manière de chez moi, puis il se tourna vers Ilouwa pour lui dire :
« Je vais m’en aller aujourd’hui, alors me permets-tu de te faire mes adieux ?
— Oui, répondit Ilouwa avec grâce.
— Tu sais que tu as longtemps été ma prêtresse préférée. J’ai beaucoup regretté que tu n’aies pas été ma handaï. Tu penses peut-être que je t’ai oubliée, mais…
— Pas du tout. Il y a beaucoup de belles femmes ici, et elles ont le devoir de se montrer aussi séduisantes que possible. »
L’homme commença par caresser tendrement une joue d’Ilouwa, puis il lui donna un baiser sur la bouche. Je me levai alors pour me rasseoir sur le lit de Wanzata. J’étais habillé tandis que ma compagne était restée nue depuis son lever.
Tout en continuant à embrasser l’homme, Ilouwa sortit son phallus. Très gros et de longueur raisonnable, sillonné de grosses veines et terminé par un gland violacé, il était l’instrument idéal pour faire jouir les femmes. Ilouwa m’avait expliqué une vérité assez simple, c’est qu’un phallus trop long pouvait heurter le fond de leur vagin et leur causer des douleurs.
L’homme se redressa et se déshabilla, puis Ilouwa se leva et enroula les bras autour de son cou pour reprendre son baiser. Leurs corps se coulaient l’un contre l’autre comme les eaux de deux rivières se mélangeant à leur confluent. La scène n’était pas d’un érotisme brûlant, mais il s’en dégageait un tel épanchement de tendresse que j’en avais le cœur lacéré. Ilouwa avait certainement été amoureuse de cet individu et ses sentiments ne s’étaient pas éteints.
Quand leurs lèvres se séparèrent, Ilouwa s’agenouilla et prit le pénis de son amant. Elle ne lui fit pas vraiment une fellation, mais elle lécha affectueusement son membre du gland jusqu’aux testicules, l’appliquant de temps en temps contre ses joues comme pour incruster ce trésor adoré sur son visage. Ensuite, elle s’allongea sur le dos. Son amant lui lécha sa vulve avant de grimper sur elle. Leurs poitrines se soudèrent ; seul le bassin de l’homme bougeait, mais ses oscillations d’ampleur réduite suffisaient à arracher des cris suraigus à Ilouwa, dont les mains labouraient le dos et les bras de son amant.
J’assistais à la scène sans pouvoir réagir, car j’étais tétanisé.
« Ilouwa connaît peut-être l’amour, mais à la manière d’une putain, songeai-je. Putain tu es, putain tu resteras, comme l’a dit Mélanopos. »
J’avais l’impression de voir enfin la réalité derrière le voile des apparences.
Les gémissements rauques de l’homme montraient que sa jouissance approchait. Il se retira, et serrant son pénis dans sa main droite, il projeta plusieurs jets de sperme sur le ventre et la poitrine d’Ilouwa. Une goutte lui arriva sur le menton.
Elle se redressa pour avaler le gland de son amant et le nettoyer, tandis que les coulures poisseuses commençaient à glisser sur sa peau. Portant la main à sa poitrine, elle les étala comme un onguent.
« Comme d’habitude, c’était exquis, déclara l’homme. Vas-y, suce-moi encore. Est-ce que tu aimes le goût de mon sperme ?
— Oui », répondit Ilouwa.
L’homme comprima sa verge en cours de ramollissement pour en extraire encore quelques gouttes.
« Alors quand nous nous reverrons, je t’en ferai boire autant que tu le voudras. Éjaculer entre tes seins et sur ton joli visage, te faire avaler mon foutre, tu ne peux pas savoir combien j’en ai rêvé.
— Je t’attendrai. »
Le visiteur se rhabilla et s’en alla, en oubliant cette fois de me saluer.
Ma handaï tourna vers moi un regard où je crus percevoir un peu de gêne.
« Quand un homme part, les prêtresses peuvent l’autoriser à éjaculer ailleurs que dans leur vagin, expliqua-t-elle.
— En souvenir de leur affection mutuelle ?
— Oui. »
La femme de ma vie avait encore la main droite et les seins enduits de sperme, et elle ne semblait pas pressée de se laver.
Je me levai et quittai la chambre sans me retourner. Je ne sus d’abord pas où aller, puis je me rappelai que Hasterza m’avait déjà soigné dans des circonstances semblables. Je pris donc la direction de sa chambre et je la trouvai libre, en train de faire de la couture.
Je passai toute la matinée avec elle. À midi, Mélanopos nous rejoignit et fut très heureux de me voir chez lui. Nous prîmes notre déjeuner ensemble. Dans sa générosité, il exprima son intention de partir afin de me laisser seul avec sa handaï.
« Je peux aller chez Ilouwa ? ajouta-t-il.
— Pourquoi me demandes-tu mon autorisation ? répondis-je. Tu connais les règles ! Va chez Ilouwa et fais ce que tu veux avec elle.
— Bien sûr que je connais les règles ! Mais je pensais qu’il serait amusant d’échanger nos handaï.
— Tu as mon accord, et si tu passes ta nuit avec Ilouwa, ce sera encore mieux.
— Ah ! ça, ce n’est pas possible ! intervint immédiatement Hasterza.
— Mais pourquoi êtes-vous si strictes ? protestai-je. C’est vous, les prêtresses, qui détenez l’autorité dans ce temple, alors ne pourriez-vous pas permettre quelques exceptions ? Hasterza, mets-toi d’accord avec Ilouwa pour échanger vos hommes. Ce sera seulement pour une nuit. Demain matin, nous quitterons le temple, et la nuit suivante, vous la passerez seules. »
Hasterza tenait autant que ses consœurs au respect des règles, mais elle était assez fine pour voir qu’il y avait un problème entre Ilouwa et moi, bien que je n’en eusse pas dit un mot. Ce fut cette raison qui la fit céder.
« Mélanopos, dit-elle, parle à Ilouwa de la requête de Cléaridas. Si elle est d’accord, tu pourras passer la nuit avec elle. »
Son compagnon lui exprima de joyeux remerciements, car il ne lui déplaisait pas d’apporter quelques changements dans sa vie. Je faillis également exprimer ma gratitude à Hasterza, mais elle braqua sur moi un regard sévère qui me fit garder le silence.
« C’est tout à fait exceptionnel, déclara-t-elle.
— J’en suis conscient.
— Et si les règles de vie dans le temple de Welouma ne te plaisent pas, tu es libre de partir demain pour ne plus y revenir. »
Je baissai les yeux pour ne plus avoir à soutenir son regard.
« Les hommes franchissent le seuil du temple pour y trouver du plaisir, ajouta-t-elle. Si la vie dans ses murs t’apporte trop de tourments, je te recommande de t’en aller. »
Après le départ de Mélanopos, Hasterza redevint beaucoup plus aimable. Elle me déclara avec un sourire conciliant :
« Je t’ai dit cela pour ton bien.
— Je sais.
— Me voilà donc ta handaï jusqu’à demain matin… si Ilouwa le veut bien, mais je ne crois pas qu’elle rejettera ta requête. Au besoin, j’irai la voir. Cela ne signifie bien sûr pas que tu doives rester avec moi jusqu’à ce soir, et tu sais que je peux recevoir une visite à tout moment.
— Je me promènerai un peu.
— En attendant, que veux-tu faire ? »
Bien qu’ayant tenu compagnie à Hasterza durant une grande partie de la matinée, je n’avais pas posé un seul doigt sur elle, et auparavant, je lui avais rarement fait l’amour. Le fait d’apprendre qu’elle serait en quelque sorte à moi, ajouté à la nourriture aphrodisiaque que nous venions de manger, éveilla mon désir. Je l’attirai contre moi pour lui donner un baiser, puis je caressai sa poitrine à travers son péplos, avant de découvrir son sein droit pour lui pincer le mamelon. Elle écarta son vêtement jusqu’à son sexe, dévoilant une paire de cuisses qui n’avaient pas grand chose à envier à celles d’Ilouwa.
« C’est cela, que tu veux ? » susurra-t-elle.
Nous entamâmes de la sorte une partie de plaisir qui fut assez sage et plutôt réussie.